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 Sélection de textes ou livres par Sihadj Aabdenour

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Localisation : Ahdouche
Date d'inscription : 08/04/2007

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MessageSujet: Sélection de textes ou livres par Sihadj Aabdenour   Sélection de textes ou livres par Sihadj Aabdenour Icon_minitimeDim 30 Mar - 12:39

.
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sihadj a
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MessageSujet: Re: Sélection de textes ou livres par Sihadj Aabdenour   Sélection de textes ou livres par Sihadj Aabdenour Icon_minitimeDim 30 Mar - 13:16

9
Préface
Un chasseur alpin raconte sa vie. Un fils de « fellagha »
raconte la sienne. Ce qu’elles ont de communs, ces deux
existences : le lieu du déroulement du drame, Iferhounéne,
un village kabyle posté depuis l’ère des quinqué gentii1 sur
un mamelon qui fait face à l’imposante chaîne du djurdjura.
En y installant leur camp dés 1956, les forces
d’occupation avaient visé un objectif stratégique, inspiré
de la nature même du relief escarpé et de la position dominante
du chef lieu de cette portion du territoire
algérien : Observer les mouvements des villages environnants
: Tifilkout, Ait arbi, Ait Hamou, Ait Mansour,
Barber, Taourirt Ali Ouanacer, Tikilsa. Quant à Haadouche
et les autres, même cachés, ils ne seront qu’à quelques
minutes de marche de là, à portée de canon.
Jadis panorama touristique pittoresque, le Djurdjura allait,
des années durant, offrir une image apocalyptique ou
se mêlent tous les malheurs d’un peuple marqué par son
histoire déjà trop agitée : batailles sanglantes, embuscades,
ratissage …torture, viols, exécutions sommaires.
Le chasseur et le fils de fellagha, ont passé ensemble
une partie de leur vie, face à face, chacun de son coté de la
barrière… Du barbelé qui sépare le village du camp militaire.
Sans se connaître, ils ont vécu les mêmes
événements historiques qu’ils ont ressentis chacun à sa
1 quinqué gentii. Terme romain, utilisé pour designer les 5 premières
tribus berbères installées au flan DJURDJURA, appelé par les romains,
Mons Ferratus ou montagne de fer, en raison de la résistance
farouche opposée à l’occupant.
10
manière, selon ses propres convictions. Différemment,
voire parfois même antagonistes, malgré le point commun
qui peut rapprocher les hommes dans certaines circonstances,
dans leur pensée, deux hommes épris de paix et de
justice.
Dans la première partie de cette oeuvre ; Le chasseur alpin,
nous livre les secrets de cette courte période de son
service militaire, passée à livrer bataille malgré lui, à un
ennemi invisible, au lieu disait-il, de séjourner en touriste
insouciant dans ce qu’en métropole, on appelait, fanfaronnerie
ironique « les vacances algériennes. »
Je ne dirai rien de sa vie privée, et ne porterai aucun
commentaire sur ses sentiments exprimés, dans ce livre
qui a le mérite de nous dire des choses authentiques, sans
détours, sur le drame vécu par le peuple algérien.
Si l’histoire est authentique, les noms des acteurs ont
été changés sciemment pour des raisons évidentes de respect
de la discrétion. Mais cela ne leur enlève en rien, la
reconnaissance du mérite ou la condamnation de l’opinion.
Nous laissons le soin sur cet angle, à l’Histoire pour en
juger.
A coté des faits véridiques endeuillants relatés par le
soldat, le narrateur a voulu mettre une place à l’amour, aux
sentiments positifs, à travers cette édile pour la Femme,
avec un grand F incarnée par YASMINA qui aurait pu
s’appeler Lila ou khelidja, ou encore Jacqueline, et résider
à Ait El Mansour, Taourirt ou encore Iferhounée, Tifilkout
ou Iril El Arbi ou tout simplement Lyon, Marseille, Nantes
dans un contexte de paix
Cette histoire est le fruit de la pure imagination délirante
du soldat français, pour rendre moins pénible, moins
cruelle, moins insupportable la vie, quand la mort est devenue
la rançon quotidienne pour tous, de quelque coté du
conflit où l’on peut se placer.
La deuxième partie de ce livre est consacrée aux récits
des faits de ces événements à la même période, vu d’un
11
oeil d’enfant innocent, qui n’avait que 4 ans et grandi dans
le fracas des armes jusqu’à l’age de 12 ans, pour finir seul,
privé de tous ses parents happés par la machine de guerre
infernale d’une puissance militaire. Ils sont 8 hommes de
la même famille, tous dans la force de l’age, en bonne
santé, bien éduqués, lettrés, à être tués par l’armée française,
entre 1958 et 1960, tous les armes à la main. Ils
étaient, ce que la propagande coloniale appelait « les Fellaghas
», et, que l’enfant de la guerre, fils de « fellagha »,
lui, a toujours pleurés, en secret, dans ses moments de plus
grande solitude. Pour lui, il ne subsiste aucun doute : ils
sont morts pour leur patrie, en martyrs de la révolution.
Cette oeuvre se veut un témoignage fort sur le sacrifice
du peuple algérien, le drame des hommes, des femmes et
des enfants colonisés, dominés, maltraités, torturés, assassinés.
Il est aussi une lueur d’espoir pour les générations montantes
de pays développés pour refuser, rejeter le fait
colonial et condamner la guerre.

Livre 1
Un soldat français m’a raconté…
Un épisode de la guerre d’Algérie
qui s’est déroulé dans mon village :
Iferhounéne (Kabylie 1958-1960)

Première partie

17
Insouciance
Août 1957, la date fatidique approchait, au mois de septembre
je serai convoqué pour effectuer mon service
militaire.
Ainsi une partie de ma vie s’achevait. Ma bicyclette
appuyée contre un arbre de la forêt de Senlis, j’étais allongé
sur un tapis de mousse et regardais le ciel bleu azur à
travers le feuillage d’un chêne centenaire. Mon enfance
me revenait en mémoire, toute ma tendre et heureuse jeunesse
passée dans ce quartier populaire de la Villette où se
côtoyaient Français, Italiens et Algériens sans grande harmonie
mais sans trop de problèmes. Les années de guerre
avaient eu raison des petites économies de mes parents,
consacrées en grande partie à l’achat de denrées payées au
prix fort, qui permirent à ma soeur et moi de nous alimenter
à peu près correctement.
Les instituteurs de l’école primaire de la rue de l’Ourcq
m’amenèrent jusqu’au certificat d’études que j’obtins facilement,
mais sans grand mérite, car j’apprenais facilement
et souvent mes leçons étaient retenues sur le chemin menant
à l’école.
J’avais passé avec succès l’examen d’entrée en sixième
du lycée Colbert, mais mon père, sachant qu’il ne pourrait
faire face à de longues et coûteuses études malgré les
bourses délivrées chichement, décida que j’apprendrais un
métier manuel. J’avais une préférence pour le métier
d’électricien, mais ma brave maman, gardienne d’immeu18
ble, (on disait concierge à l’époque, d’une façon moins
péjorative que maintenant) avait l’estime de "ses" locataires
et au cours d’une conversation avec une demoiselle de
l’immeuble, celle-ci lui fit part des avantages des métiers
des arts graphiques.
C’est ainsi qu’au mois de septembre 1951 la grande
famille des typographes comptait un apprenti de plus.
Merci chère maman de m’avoir fait épouser le plus beau
des métiers, hélas, obsolète aujourd’hui.
C’était le début de ma vie professionnelle, mais je ne
quittais pas pour autant l’enseignement général ; tous les
mercredis pendant quatre ans, je retrouvais les bancs et
ateliers de la prestigieuse École Estienne ; les professeurs
nous enseignaient avec autorité et compétence de solides
cours théoriques et pratiques sur les métiers de l’imprimerie.
Tous les soirs je rentrais chez moi vers 17h30 ; après
une rapide toilette, je rejoignais mes copains au café "La
Mandoline", c’était notre lieu de rencontre habituel ; le
petit groupe que nous formions était sans histoire ; tout le
monde nous connaissait, les quelques voyous du quartier
eux-mêmes nous saluaient, nous avions usé nos fonds de
culottes sur les mêmes bancs d’école ; pour eux, nous faisions
partie du paysage depuis toujours et ils nous
fichaient une paix royale. Nous avions de bons rapports
avec les Italiens et les Maghrébins qui malgré leur nombre
élevé se faisaient discrets.
Après avoir dégusté une ou deux boissons non alcoolisées
(le lait grenadine était très à la mode à cette époque),
nous "montions" nonchalamment jusqu’au métro "Crimée"
pour y retrouver d’autres copains et surtout nos
chères copines… J’étais très amoureux de Denise. Avec le
recul je pense qu’il s’agissait plutôt d’attirance physique ;
ce sentiment qu’inspire une jolie fille de dix-huit ans à un
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sihadj a
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MessageSujet: Re: Sélection de textes ou livres par Sihadj Aabdenour   Sélection de textes ou livres par Sihadj Aabdenour Icon_minitimeDim 30 Mar - 13:20

GUERRE D’ALGERIE
1954-1962


« Amirouche, les fils de fellaghas et les chasseurs alpins»
Iferhounéne 1959


Témoignage historique
Par
Abdenour Si Hadj Mohand
















Je me souviens très bien de ce jour, vers les années 1960.Alors que nous étions campés tous ensemble ,mes frères et mes cousins , au champ dit tamazirt – sur le versant sud du village Iferhounene – à 150 mètres seulement face au camp du même nom. Nous étions en train de garder l’unique chèvre qui restait de notre bétail, de notre fortune laissée par nos parents happés par le colonisation, lorsqu’une compagnie complète composée de soldats français d’origine européenne et de quelques harkis notoirement connus passait juste devant nous, en colonne par un, en direction de leur bivouac. Le hasard n’a pas pu éviter l’événement sempiternel de se produire à ce moment précis, cette chamaille qui mettait souvent aux prises, de façon presque cyclique telle un syndrome pathologique, mon cousin Yazid 10 ans à peine et, son frère Messaoud 8 ans. – la bataille faisait déjà rage entre les deux frères ennemis quand les premiers soldats venaient de franchir l’endroit où nous étions surpris par cette file indienne de roumis égrenée de harkis. Messaoud, mon cousin l’intrépide , le nerveux aux réactions épidermiques, a la mémoire prodigieuse-il avait tout de même et surtout une facilité déconcertante à retenir les noms des personnages célèbres ou de ceux de larrons que des événements ont rendus tels,à des occasions exceptionnelles - C’est ainsi qu’il pouvait retenir dans sa petite mémoire d’enfant indigène non seulement tous les noms des harkis de la région mais aussi et particulièrement des hauts gradés du FLN et de l’armée française de l’époque - nous étions déjà en 1960-et notre enfant terrible n’avait que 8 ans- soit deux ans de moins que moi-même. Des noms comme celui De Gaulle, de Lacoste, ou encore Eisenhower (américain) n’avaient aucun secret pour lui. Messali Hadj, Abane Ramdane ou autre, non seulement il les connaissait très bien mais il pouvait leur adjoindre les caractères saillants de leur personnalité, de leur physionomie. Ainsi De Gaulle pour lui, était très long et avait un nez qui était hors du commun. Il disait souvent pour ironiser à quelqu’un qui le contrariait qu’il avait le nez De Gaulle. Ou bien encore les yeux de tel autre personnage .Mais celui–ci dont il finit par adopter définitivement le nom pour en faire une idole, au point de ne jurer que par sa tête était le redoutable Amirouche connu sous le surnom de Lion du DJURDJURA- pour lui les héros ne meurent jamais, quelque soit la puissance de leurs ennemis. Cet enfant intrépide, qui ne se souciait de rien n’a pas raté l’occasion inespérée, à ce moment précis, à l’endroit même où la compagnie venait de passer devant nous à quelques mètres seulement, pour se mettre à gueuler en vidant sa colère incontenable sur son frère qui le taquinait, en ces termes, à très haute voix et de façon très distinctive : « je jure sur la tête de Amirouche que je vais te tuer, oh Yazid de m… ! Je vais d’écrabouiller ton portait de Mohand ath M., harki ! Va tu n’es pas mon frère, tu es plutôt le frère à Ouali Ath O. ! » Cette avalanche de mots débitée sans interruption à voix porteuse n’a pas manqué d’attirer le regard de tous les soldats qui étaient à proximité du lieu où se déroulait la bagarre entre les deux ennemis et non moins frères de père et de mère. A cet instant précis- et comme à la parade, telle des joueurs de baby foot guidés par le même mouvement, tous les regards se tournèrent brusquement vers l’endroit d’où fusait ce terrible nom de Amirouche, d’une voix aigue et vibrante en même temps. Une sorte de réflexe conditionné avait saisi subitement la file de soldats qui s'était retournée comme s’ils s’apprêtaient à découvrir soudain ce redoutable guerrier en face d’eux , surgir de derrière un arbre , ou à travers un mur de ces mechtas alignées face au camp. J’avais deviné que tous les soldats F.S.E et F.S.N.A, tous grades confondus ou simples hommes de troupe connaissaient parfaitement le terrifiant nom de Amirouche. Enfant indigène de surcroît inculte que j’étais à cet âge car, privé de tout, j’avis vite compris l’ampleur du combat que livrait ce redoutable guerrier à une puissance pourtant surarmée. J’ai surtout compris que la suprématie, dans un conflit armée, ne résidait pas seulement dans la puissance de feu mais qu’aussi dépendait de l’audace et de l’intelligence des chefs militaires. En un mot de la stratégie dans la manière de livrer bataille à son ennemi. C’est cela la guérilla. L’onde de choc qui s’était répandue au sein de cette compagnie était telle que, nous, enfants insouciants étions d’un coup, saisis de perplexité - une atmosphère de méfiance, inexplicable, contagieuse s’était soudainement répandue autour de nous suivie d’un silence effrayant tant du coté de tous ces éléments de l’armée d’occupation que du coté de ces enfants indigènes que nous étions- tous âgés entre 7 et 10 ans.
Nous avions tous compris à ce moment soldats français et enfants de fellaghas que nous étions, qu’un monde séparait nos deux races, nos deux cultures, et surtout nos deux philosophies, nos deux religions. Ils sont les envahisseurs, nous sommes les autochtones, les propriétaires des lieux. Ils sont là pour nous asservir, nous exploiter, nous voler, nous martyriser. La terreur du colonel, était le remède au système inique, violent, criminel, qui s’installait progressivement dans notre pays. 4 ans déjà que le camp d’iferhounene a été installé chez nous, la situation allait pour nous de mal en pis :
Frères et pères tués, oncles emprisonnés, biens saccagés, il ne subsistait pour nous que les chamailles de frères et sœurs livrés à eux –mêmes et sans ce précieux intermédiaire conciliateur, nos pères. Il ne restait pour nous que la guerre, sans autre issue que la mort .Mon père avant de mourir nous a légué cette phrase lapidaire : « maintenant que Amirouche est mort, qu’il ne subsiste aucun d’entre nous ! Mourrons tous, car c’est l’unique alternative qui nous est laissée. Le colonialisme vit au détriment du colonisé. Il l’avilisse, il le martyrise, il l’appauvrit en un mot le détruit progressivement »
Nous, enfants indigènes et aussi enfants de fellagas, nous étions prédestinés à une autre vie.pas celle de pacifiés, assimilés aux européens. Nous sommes mis dans un état de rébellion pathologique par les conditions de dénuement total qui nous sont imposées par l’envahisseur.
L’école française que nous avions commencé à fréquenter n’a fait que réveiller en nous les braises d’un feu mal éteint : la haine de celui qui nous a privé de tout : d’abord de l’affection de nos pères, ensuite des moyens de survie. Nos biens ont été lapidés et nos maisons confisqués.
La puissance coloniale, aura réussi, de reproduire en nous, enfants innocents, ce que, eux, appellent par confusion délibérée, préméditée, des futurs terroristes que par conséquent il faudra, tôt ou tard penser à éliminer. Des Rebelles à vouer à la corvée de bois.
La corvée de bois ! Quelle subtilité barbare ! comment , l’esprit d’enfants d’indigènes insouciants peut il admettre , que l’on puisse montrer sa force , sa puissance devant un homme sans arme, et pardessus tout faire croire à l’humanité toute entière , à l’histoire de l’homme , que le condamné, victime d’une exécution préméditée , sans aucun jugement , qu’il a tenté de fuir. Pis encore, l’infortuné est tué avec cet espoir d’être libéré pour retourner à ces enfants chéris qui l’attendent pour continuer à vivre
Comment des dirigeants d’une puissance militaire, d’une nation qui a vu naître et grandir les droits de l’homme, puissent-ils admettre que de tels crimes aient lieu sous leur commandement ? Peut être avaient ils été les commanditaires ? Quelle grandeur pourrait on reconnaître à ces stratèges politiques et militaires qui ont été formés dans les écoles de Victor Hugo, Ronsard, Montaigne, Voltaire et Pascal ? Mon Dieu, quelle sauvagerie est cette culture occidentale ?!

Et ces soldats français, dont la plupart avaient moins de 30 ans, peut être à peine 20 ans malgré proches de nous, en tant qu’êtres humains pensants, n’avaient ils pas d’autres alternatives que celle de nous réduire à néant. Ils étaient en fait conditionnés pour cette mission. Il ne faut pas leur en vouloir, car moi même j’ai été jeune, et de surcroît orphelin et fils de fellagha, je ne suis pas un saint, et pourtant je me souviens que mon seul péché était de dévaliser l’école primaire de ces plus jolis livres pour en arracher les images. Rien que cela. Je n’ai pas tué et préfère pour cela mourir que de mettre fin à la vie d’un être humain. Ces jeunes français appelés, sont pour la plupart comme moi, j’en suis sur. Pour preuve de soldats dont je n’ai retenu que le prénom ont pris notre partie. GUY, Marcel, Robert, Madame Boucher, femme d’un non moins lieutenant de SAS, étaient des soldats français FSE .Ils nous ont protégés et protégé nos mères et nos sœurs. Cette compassion des appelés français, enseignants, m’a évité de faire la confusion plutard entre les crimes, les nazis et les soldats français et réussit à faire la part des choses.

De ce coté là, paradoxalement, tout en tant un musulman entier, j’appliques le commandement qui est pourtant adressé aux chrétiens : tu ne tueras point !
Ces soldats FSE prendront assurément conscience de leur erreur plutard….quand le moment de la remise en cause inéluctable viendra. L’heure de vérité sonnera pour eux quand ils seront proches du tombeau. et feront leurs adieux aux vivants ici bas.
Mais que dire alors des harkis qui ont choisi , volontairement , ou sans se rendre compte de se positionner contre leur propre peuple , leurs propres frères, pour défendre une cause perdue d’avance, une cause injuste , des intérêts d’une nation en proie aux difficultés socio économiques. Et même les citoyens français engagés, temporairement, n’arrivaient pas a justifier vis a vis de leur conscience leur engagement, leur prise de position en faveur de l’Algérie Française. Ils étaient et continueraient à mourir pour certain pour des idéaux, des enjeux qui ne les touchaient ni de loin ni de près. Ils servaient un système qui perpétuait la domination et la servitude des hommes favorisés et bien servis par le système non moins exploiteur, non moins injuste et non moins ingrat déjà à l’égard de ses propres membres qui s’efforcent en vain de croire malgré eux , en l’honneur de la France dans cette affaire d’extermination d’ autres hommes, d’asservissement d’autres femmes et d’ enfants d’un pays soumis par la force et la tyrannie, le leur qui , leur a volé leur jeunesse , pour un résultat inutile., pis !déshonorant.

Pour ces français, harkis ou fellaghas, ce sont les mêmes doigts d’une seule main qu’il faut à défaut d’exploiter, éliminer.

Le colonialisme porte en lui les germes de sa propre négation, Amirouche était devenu un Dieu dans l’esprit de ces enfants indigènes, orphelins, ou privés de l’affection de leurs pères croupissant dans les geôles depuis déjà plusieurs années. Ils seront les futurs fellaghas, si la guerre venait à perdurer.
Le cas de 7 enfants alignés là devant cette puissante compagnie de chasseurs alpins, avec à leur tête un lieutenant foudre de guerre, livrés à eux-mêmes, se chamaillant pour briser la domination de leurs aînés, sous l’œil indifférent de ces chefs de guerre, roumis, mais ébranlés par cette culture terroriste qui classe l’enfant indigène kabyle déjà dans sa destinée de future fellagha, l’opposant du coup à celui des harkis. C’est cela ce que la propagande coloniale appelle l’opposition, ou le conflit fratricide.
Les noms de harkis tels que DOUMRA, OUALI ATH O…, MOHAND T., MOHAMED ATH M.. étaient déjà entrés dans la langage populaire, mais comme surnom chargé de tout leur poids péjoratif et il n’était pas surprenant de vous entendre, en ces temps de guerre, surnommé par des noms authentiques mais usés comme simple sobriquet.
Amirouche, même mort, par contre comme disait CONROUX continuait de faire peur. C’est le symbole de la justice forte, efficace opposée à la force tyrannique du colonisateur.
Amirouche, mort ou vivant a réalisé son objectif, celui de faire prendre conscience à son peuple que le mythe de la supériorité de l’envahisseur, désormais n’existe plus, que l’ennemi colonisateur n’est plus assuré des sa victoire dans son dessein diabolique d’instauration, contre la nature des choses, d’une Algérie française au risque d’aboutir à une « France nord africaine » ou des FSNA revendiquent une origine qui n’en est pas une, à tout égard. Je m’immisce dans des affaires françaises, car l’histoire m’y oblige.
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MessageSujet: Re: Sélection de textes ou livres par Sihadj Aabdenour   Sélection de textes ou livres par Sihadj Aabdenour Icon_minitimeDim 30 Mar - 13:24

Jeudi
28/02/08


Nanterre









Une
union parfaite et éphémère





Par





Abdenour
SI HADJ Mohand





Extrait
de « les voleurs d’enfance »





Je suis arrivée le
soir. Je descends de l’avion. Il était dix huit heures. Mon mari est venu me
récupérer à l’aéroport. C’était au mois de novembre. J’étais en tailleur noir,
jupe courte et il faisait trés froid. Boussad me passa son blouson, je
m’apprêtais à rentrer chez moi. J’étais heureuse. Une autre vie allait
commencer pour moi. Je n’avais aucune appréhension. Je savais qu’avec Boussad je
serai heureuse et je sentais très fort ce bonheur dont il me submergeait. Il
était dans mes yeux, il m’avait couvert de ses vêtements d’apparat. Je me
sentais vibrer dans l’air comme si j’étais emportée par une musique fine, très douce…et me préparait à vivre des
moments de bonheur infini, avec lui. Plus tard ,bien après qu’il nous ait
quitté , je concluais naturellement, que
sans lui , mon avenir serait compromis , d’autant que ma jeunesse était
remplie d'événements marquants qui ont, sans l’ombre d’un doute , influencé négativement
mon caractère , ma constitution même
psychologique et donc mon endurance . Bien que nous ayant quittés depuis
bien longtemps, je ne saurais évidemment ignorer son influence positive et déterminante
sur ma capacité à affronter les événements qui , malheureusement , égrèneront le
restant de ma vie de femme, de mère
d’enfants et surtout d’employé vivant de
son salaire.


Boussad, plus qu’un
mari, il a joué pour moi le rôle de guide et de soutien infaillible. Une espèce
d’éclaireur dans une jungle d’obstacles aussi imprévisibles que meurtriers. Dans
la voiture qui nous ramenait vers notre
demeure à Paris, je ne cessais de lui
raconter les derniers événements d’Algérie. Il me regardait narrer, impassible,
parfois laissant s’échapper de sa bouche un rire mesuré et qui venait du fonds
du cœur. Par moment il donnait son point de vue….sans passion ni aucun soupçon
de contrariété.


Le temps que nous avions vécu ensemble était
emprunt d’une parfaite cohésion .Mes espoirs et mes rêves semblaient se
confondre avec la réalité de tous les jours et je ne pouvais espérer plus .le
bonheur auquel j’aspirai était présent dans tous mes mouvements et mes gestes quotidiens.
Je ne pouvais que faire des jaloux autour de moi, je le savais, et personne ne pouvait comprendre hélas !
que nos deux caractères étaient faits pour s’adoucir ensemble. Je n’en croyais
personnellement pas à mes yeux, tant j’étais et je reconnaissais au fond de moi,
indomptable sur le plan du caractère.


Boussad m’avait
tendu sa main je lui ai tendu la mienne presque
instinctivement. Nous nous sommes construits ensemble, il avait besoin de moi j’avais besoin de lui. Et
pourtant, il m’arrivait de rire aux éclats quand je l’entendais parler dans sa langue
maternelle qu’il avait presque perdue.
L’accent du kabyle authentique qu’il est, a été depuis longtemps déjà,
transformé par ses longues années de séjour en France. Et c’est tout juste si,
des moments, je ne le confondais pas avec tous ces milliers de français que je
côtoie dans la rue et dans mon milieu professionnel. Je riais quand je
l’entendais parler en kabyle, déformant les mots. Je l’imitais souvent, il en
riait aux éclats. Il était d’une grande courtoisie, il avait l’art de relativiser
les événements et quand cela était nécessaire de les zapper. Cela nous permettait de nous poser et de vivre
notre vie paisiblement, sans aucune intrusion externe négative. Nous étions sur
la même longueur d’ondes, J’aimais sa façon de voir les choses, il aimait la
mienne. Nos deux visions mixées nous conduisaient dans la même direction, au
bonheur total. J’avais rêvé de faire de la moto je l’ai fait avec lui ,accrochée
à son dos. Il est parti, loin de moi, pour ne plus revenir me lassant derrière
lui. Il nous a quitté, notre ange gardien, pour un autre monde, celui où seul
le silence est maître. Il est mort il y a de cela …10 ans
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